Tuesday, April 15, 2008

You’ll never know until you try

Recently, an advisee of mine wrote to tell me that he was toying with the idea of adding a French major to his already busy academic schedule. He said that his main hesitation was a few required literature survey courses. He said it really wasn’t his ‘thing’. I can certainly understand because that’s how I felt as a young undergrad. My response below is in French (so many of you may be ending your reading here… sorry!).


Bonjour !

Et moi aussi je trouve cette communication par email tellement efficace et facile. Tu sais, je n'ai pas grandi avec Internet comme toi alors je suis toujours ébloui par toutes les possibilités qu'il nous offre. Et maintenant, je ne sais pas ce que je ferais si j'étais privé de cette habitude.

Et voilà une réponse à ta question… enfin, c'est plutôt un exemple (le mien). C'est un peu long, alors prépare-toi !

A l'université, ma spécialisation en français était centrée sur la culture. Je n'ai pris qu'un seul cours de littérature parce que, comme toi, je ne m'y intéressais guère. Je me penchais plutôt vers le côté pratique et contemporain des choses dans ma vie. Quand j'ai commencé mes études de maîtrise en français, je voyais au début mes cours de littérature comme simplement des obstacles à surmonter parce que je savais que je voulais enseigner la langue plutôt, mais je savais en même temps que, si je voulais plus d'options à ma recherche d'un poste de prof, j'avais besoin d'une éducation traditionnelle et variée. Ainsi le choix de faire mon PhD à UW-Madison.

Mais au cours de mon premier semestre de maîtrise, j'ai commencé à mieux comprendre. Les professeurs m'ont ouvert les yeux à un monde que je ne connaissais pratiquement pas ou plutôt que j'avais ignoré complètement. C'est vrai que dans mes cours, c'était pour moi 75% de bla bla au début. Tout le monde voulait parler et se faire entendre. De plus, comme j'ai dit, je ne m'intéressais pas vraiment. ça a pris de la patience pendant un certain temps et je ne faisais que passer mon temps à l'étude, sachant qu'avec chaque jour, j'étais plus proche à mon objectif.

Et puis, peu à peu, je ne pouvais pas m'empêcher de m'y mettre de plus en plus. Je suis devenu vraiment accroché à ce que je faisais. Il faudrait admettre que si un texte, un poème, ou une pièce dure depuis des centaines d'années et se trouve sur nos étagères à la maison, chez nous aujourd'hui, il y a certainement quelque chose de magique là-dedans. A travers chaque période de la littérature française, j'ai pu trouver quelque chose qui me parlait et dont j'avais envie de parler moi-même.

Et en fait, je me suis concentré sur la littérature du XIXème et du XVIème siècle, le XIXème parce que c'est pendant cette période (pour moi) ou la psychologie de l'auteur et de ses personnages commençait à se dévoiler ouvertement dans le texte. Et le XVIème parce que c'était la période humaniste, ou l'être humain et sa condition ont occupé le centre de chaque page, de chaque idée. Et c'était aussi parce qu'au XVIème il y a des textes vraiment explosifs, bizarres et fantaisistes qui semblent prendre des risques en choquant le lecteur avec des gros mots, des scènes obscènes, et des situations impossibles mais qui, en fin de tout, résonnent à l'intérieur du lecteur et qui révèlent non seulement des secrets ou des désirs des personnages, mais aussi des secrets ou des désirs cachés en nous-mêmes.

Et bien oui, je dois avouer qu'il y a des périodes qui ne me parlent presque pas. Le XVIIème siècle, par exemple, devient obsédé de l'ordre et de la bienséance, tellement que lire (pour moi) devenait un devoir. Cependant, c'est en comparant cette période aux autres, le XVIème par exemple, que je développais encore une meilleure appréciation pour ce que je lisais et commentais.

Aujourd'hui, la littérature continue à me parler et je continue à en parler aussi. A cause de mes études, j'ai peut-être du mal à trouver de la lecture contemporaine dont j'ai vraiment envie de lire parce que j'ai été gâté par la splendeur que j'avais étudiée auparavant. Je dois vraiment chercher pour trouver quelque chose que j'aimerais lire jusqu'à la fin.

Pour l'instant, les auteurs français contemporains me fatiguent ; pour moi, ils sont trop pessimistes, trop noirs, trop concernés par l'effet qu'ils produisent, ou par l'effet de défoulement de leurs problèmes, qu'ils oublient de nous donner des sentiments, des intrigues, des personnages ou des idées auxquels nous les lecteurs aimerions nous attacher. J'ai probablement tort et je continue à chercher. En anglais, je me suis accroché à plusieurs auteurs qui continuent à me fasciner : John Irving, Gregory McGuire, Mark Haddon, Jonathan Safran Foer, Nick Hornby, T. Coraghessan Boyle. Il y a aussi un auteur japonais (traduit en anglais, bien sûr) qui est vraiment étonnant : Haruki Murakami. Si tu as le temps, jette un coud d'oeil sur son 'Kafka on the Shore'.

Pour des auteurs français qui pourront t'intéresser, et qui viennent des époques précédentes, il y en a des tonnes. Par exemple, au moyen âge, si tu comprends le contexte autour des récits, les horizons d'attentes des lecteurs, les capacités de ces lecteurs, et les moeurs et coutumes, tu trouveras des textes qui fascinent! Tout le monde lit Ronsard au XVIème et oublient trop facilement Louise Labbé, femme poète qui, en comparaison avec Ronsard, est beaucoup plus honnête et touchante avec ses vers. Au XVIIème, les pièces de Molière, Racine et Corneille sont incroyables une fois qu'on comprend ce qu'ils ont pu faire dans les contraintes qui existaient à l'époque. Bien sûr, le Marquis de Sade au XVIIIème, mais là, faut vraiment aimer son côté vilain. C'est les Liaisons Dangereuses au XVIIIéme pour ceux qui détestent la contrainte, ou bien il y a aussi les philosophes et les récits philosophiques, et surtout les racines de la démocratie moderne. Au XIXème, c'est l'intrigue qui (re)domine, les complots, les femmes adultères, les filles égoïstes, les meurtres et les crimes, et vers la fin du siècle, ce sont les fous qui occupent le centre du cirque. Et tout cela, ce n'est que des opinions vite faites pour te donner un petit goût de ce qui pourra t'attendre.

Alors voilà. Tout cela pour te dire qu'aimer ou ne pas aimer la littérature est une décision personnelle, mais pas une décision que l'on peut prendre sans avoir l'expérience de connaître cet art. Aimer ou ne pas aimer ce qu'on ne connaît pas n'est pas logique. Mais en même temps, ne te laisse pas être trop tenté par mon enthousiasme, et il ne faut surtout pas te sentir obligé d'aller plus loin dans tes études du français que tu aurais aimée. Je voulais tout simplement montrer que les portes sont ouvertes.

Ceci dit, si tu décides enfin de faire cette spécialisation et de prendre ces cours obligatoires, nous devrions quand même nous assurer que tu choisisses les professeurs qui, pour toi, seraient les meilleurs. Et pour cela, n'hésite pas à me demander des opinions ou des idées. Je suis là pour ça ! Bonne continuation de tes vacances!

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